Про це він написав на своїй сторінці у фейсбуку, зокрема: «Заповітом» Кобзаря французькою відкрив виступ до Дня Європи у Страcбурзькому університеті — про українську поезію опору від фольклору до наших днів на запрошення David Gondar Meis у співдружності з культовим «Le Monde» з презентацією Антології української поезії «Сонячні кларнети», видану Christophe Chomant. Було і про київсько-руську книжність, і про бароко, і про ювіляра Сковороду, чий музей знищили рашисти, а ще лунало слово Івана Франка, Павла Тичини, Тараса Мельничука, Павла Мовчана та В’ячеслава Гука. Позаяк київський шквал урвав нашу розмову, вірю, що невдовзі зустрінемося знову з привітною громадою одного з центрів європейської цивілізації».
Taras Chevtchenko
Testament
À ma mort, je vous demande,
Enterrez mes cendres
Dans les steppes interminables
De mon Ukraine tendre !
Que j’admire ces champs sans bornes
Et ces roches rauques,
Que j’écoute mugir le fleuve
Contre les époques.
Quand le sang des ennemis rudes
Coulera de l’Ukraine
Vers la mer bleue si lointaine,
Je quitterai ces plaines
Et ces monts pour accéder à
Dieu pour des prières,
Mais avant cela, mon Père,
Je ne vous crois guère…
À ma mort, dressez-vous, frères,
Déchirez vos chaînes,
Que le sang ennemi asperge
La liberté saine,
Et que dans une famille si grande,
Libre enfin, nouvelle,
Une parole sans mal, sereine
Parfois me rappelle…
Ivan Franko
Il est temps !
Il est temps, il est temps, il est temps
De quitter la Pologne, la Russie !
Notre Ukraine a souffert de malheurs insultants,
On lui doit notre vie, nos soucis !
Il est temps, il est temps, il est temps
D’oublier notre amour pour le Tsar,
Il nous leurre sans cesse et on verse le sang !
Notre amour pour l’Ukraine se déclare !
Il est temps, il est temps, il est temps
D’oublier les conflits des anciens,
On chassera les fantômes des querelles d’antan
Par l’union des drapeaux ukrainiens !
Car le temps mémorable est venu
De tomber au combat, ma fratrie,
Et l’Ukraine sera libre et enfin reconnue,
Notre gloire est dans notre patrie !
Pablo Tytchyna
* * *
Ni Zeus, ni Pan, ni Saint-Esprit –
Des clarinettes solaires.
Je danse dans l’éternel, uni
Aux rythmes planétaires.
J’étais un Autre, un songe vain.
Les sons me tourbillonnent,
Tunique de l’art, vers le matin,
Des bras qui te claironnent.
Moi, réveillé, je te deviens,
Me couvrent des rafales
Des mondes brûlent, roulent, rien
Qu’une rivière musicale…
Et je veillais, j’étais printemps.
Les mondes s’accordèrent.
Et tu n’es plus colère, mais chant
Des clarinettes solaires.
Taras Melnytchouk
XXe siècle
I.
l’homme demande à boire
on lui tend
une mitraillette
et on l’envoie
tuer
l’homme demande
une fleur de cerisier
on allume pour lui
un réacteur atomique
l’homme veut bâtir
une maisonnette d’or
pour l’hirondelle
on le traîne par terre
en chemise déchirée
tu joueras aux échecs
avec un cheikh
pas sur un échiquier
sur tes dents
cassés
derrière de solides barreaux
l’homme veut saluer
de sa casquette verte
les jeunes filles
les amis dans le pré
pour embrasser on lui tend
le feu d’une mitrailleuse
qu’importe
ici ou là
ou dans les neiges d’Oural
un homme demande
rien à demander con
joue
le jeu !
II.
Plus de cœur – un chargeur
Dans la poitrine,
un nid
Où couvent les fauves. Un cœur de fer,
Un cœur mort,
un soleil mort,
Un front couronné d’épines.
Ne dis pas : « Fichu destin ! »
Celui qui t’a ramassé et qui t’a battu
N’aura plus de pitié –
il ne parle que trop bien
La langue de chez nous,
celle de Tchérnobyl,
L’horizon libre
est à ce prix –
Imprégnons-nous de sang.
Pavlo Movtchane
* * *
Dans ce temps sous ton nom
la pellicule du corps s’éclaire
d’écailles superbes, scintillantes,
comme une fleur dorée, toujours sauvage,
avec une grappe de cerises
qui saigne près du cœur, sur ta poitrine,
et des chevaux lavés dans les eaux rouges
qui galopent avec des enfants joyeux…
Tu es là aussi… avec tant d’autres…
Accrochés aux crinières de toutes nos forces
nous traversons des Gulf Stream, des steppes,
et nos cœurs s’élancent vers le ciel…
Ici-bas l’horloge tourne en rond
résonnant dans tes veines tremblantes…
Cependant nous avons tant voyagé
que l’on pourrait se retrouver encore…
Vyatcheslav Houk
Les incunables criméens
9
Un coup va passer, une abeille, une abeille d’or claire.
Un avion de guerre dans un ciel jusqu’alors sans nuages –
Il suffit de si peu – cette lagune devient étrangère
Au regard englobé par le matin du paysage.
Ce regard bien trop long où se cache une rose suprême
De ta robe de gala, de feu embrasée, je pense
Qu’elle était le symbole d’un désir inavoué ou même
De l’été du Midi, c’est la seule image qu’il me lance.
Vois : après les combats de Dunkerque mon cerveau s’attache
À fixer autre chose que la vie banale, intenable,
Vois : le vent du Midi emporte les graines si blanches
Par-delà tous ces quais endormis, par-delà les sables.
C’est l’arôme des roses coupées, c’est l’été portuaire,
Mes oreilles et mes yeux désapprirent les choses quotidiennes.
L’inscription d’autrefois – de ta main – s’effaça d’une photo d’avant-guerre.
Seule me reste l’image d’une péniche que le cours ne retienne…